Jésus est en train de parler de choses graves avec ses disciples. C’est-à-dire avec ceux avec qui il a passé trois années de dur ministère en Judée et en Galilée. Avec ceux qui l’ont ensuite abandonné au moment où il avait le plus besoin d’eux. Puis il est ressuscité et leur a montré la puissance divine dont il était investi. C’est ce Jésus-là qui essaie d’expliquer à ses disciples qu’il va maintenant partir, qu’il va retourner au ciel d’où il était venu.

Et voilà que les disciples lui demandent s’il va restaurer la royauté en Israël ! … Heureusement que Jésus est patient parce que cette question a dû lui demander une bonne dose de self control comme on dirait aujourd’hui.

Décidément, les apôtres n’ont rien compris. Lorsque Jésus leur parle du ciel, ils lui parlent des royaumes de la terre. Lorsqu’il leur parle de les quitter, ils attendent encore qu’il soit pour eux un roi terrestre. Lorsqu’il est mort et ressuscité devant leurs yeux, ils refusent encore de comprendre la puissance d’un ordre tellement nouveau de la vie qu’il est venu leur offrir.

Les apôtres veulent savoir ce qui va se passer sur la terre pendant que le Christ leur parle du Royaume des Cieux.

Mais Jésus était habitué à cette manière terrestre de penser de ceux qu’il connaissait bien et qu’il aimait avec tendresse. Il savait que ses apôtres n’étaient pas encore capables de comprendre les choses du ciel tout tournés qu’ils étaient vers les choses de la terre.

Jésus prend patience encore une fois. Il sait que depuis les cieux, il leur enverra son Esprit qui leur manifestera toute chose. Cet Esprit Saint qui sera bientôt répandu dans leurs cœurs afin qu’ils ne vivent plus pour eux-mêmes mais pour Dieu, afin qu’ils ne vivent plus pour la terre mais pour les cieux.

La victoire de la résurrection n’est pas une victoire terrestre sur les méchants qui ont mis Jésus à mort comme on pourrait le penser. Si tel avait été le cas, Jésus serait d’abord apparu à ses ennemis pour venir se venger d’eux, ne serait-ce que pour leur donner mauvaise conscience.

La victoire de la résurrection est bien plutôt la victoire de la vie divine qui nous est donnée de vivre dès ici-bas. Le Royaume du Christ n’est pas un Royaume d’ici-bas mais bien la vie divine qui nous est accordée de vivre parce que nous appartenons au Christ et que le Christ est à Dieu (1Co3, 23).

Si aujourd’hui le Christ monte aux Cieux, c’est justement pour nous manifester cette réalité profondément céleste, c’est-à-dire spirituelle du Royaume. Le Christ monte vers son Père, il est à Dieu. Nous qui sommes au Christ vivons de cette même vie céleste qui est la sienne.

Ne soyons pas comme les apôtres qui ne comprennent pas vraiment qui est Jésus et ce qu’il est venu nous donner. Écoutons le Christ qui monte aux cieux pour nous y préparer une place et nous envoyer l’Esprit Saint. Acceptons de recevoir cette vie qui est la sienne et qui transforme la nôtre en profondeur.

Mais attention, si le Royaume qui nous est donné est spirituel et céleste, c’est pourtant sur cette terre qu’il nous est donné de le vivre et c’est là qu’il faut le chercher sans relâche :
« Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. » (Ac 1)

De la même manière que le Christ a disparu au regard des disciples, il se révèlera à nous si nous non pas si nous avons la tête en l’air, mais si nous regardons bien autour de nous et que nous le cherchons sur cette terre.

Chercher les réalités spirituelles sur cette terre, voilà notre vocation !

C’est une invitation pour nous chrétiens à vivre pleinement dans ce monde, mais sans jamais oublier d’y chercher le Christ qui s’y manifeste. C’est bien des réalités du ciel dont nous devons nous soucier, mais c’est bien sur cette terre que nous avons la vocation de les vivre !