L’Évangile est-il plaisant ? Oui, il a un bon goût, une saveur exquise. Il n’y a même rien de plus plaisant que de découvrir le Christ et la bonne nouvelle qu’il nous apporte. Mais l’évangile ne plaît pas à tout le monde. Il ne plaît pas à ceux qui n’aime pas le Christ. Il ne plaît pas aux pharisiens qui sont trop orgueilleux. Il ne plait pas à Pilate à qui il demande d’être courageux. Il ne plaît pas à Hérode qui devrait ne plus cohabiter avec la femme de son frère. L’Évangile n’est pas plaisant pour ceux qui n’acceptent pas de le vivre.
Mais pour ceux qui vivent de l’Évangile, c’est une tout autre histoire. Pour ceux comme Pierre et Jean qui ont laissé leur barque, ou qui comme Matthieu se sont levés laissant leur vie de pécheur derrière ; pour eux, l’Évangile est plaisant. Il est même source d’un bonheur indicible et ineffable.
Non seulement cet évangile est plaisant, mais il finit par prendre toute la place de celui qui s’est laissé toucher par la présence du Christ dans sa vie. Saint Paul ira même jusqu’à dire : « Pour moi, vivre c’est le Christ, et mourir est un avantage. » (Ph 1, 21)
Lorsque l’évangile devient une réalité intérieure, intégrée à tout notre être, il est une joie immense. Les lois et commandements qu’il contient ne sont plus des corvées ou des devoirs pénibles, ils sont « une nécessité qui s’impose à nous. » (Cf 1Co 9, 16) Le chrétien qui a reçu l’Évangile dans son cœur et qui accepte d’en vivre n’est obligé à rien mais il fait tout par amour. Il ne lui reste alors plus qu’un commandement qui n’est plus un commandement mais une joie : « Aimer Dieu et aimer son prochain. »
Les influenceurs modernes en tout genre qui trop souvent prennent le temps que nous ferions mieux de dédier à la lecture de la Parole et à la rencontre du Christ dans la prière, prônent un certain développement personnel. Ils expliquent bien souvent que, ce qui compte, le moteur qui nous pousse à agir, ce n’est pas la volonté, mais le plaisir qu’on éprouve à faire les choses. Il faudrait, selon eux, ne faire que ce qu’on aime et abandonner tout ce qui représente une certaine frustration. Le plus efficace pour se remettre à faire du sport, n’est pas tant de se forcer à en faire que d’y trouver un intérêt personnel. Mieux vaut faire un sport qui nous intéresse vraiment que de s’efforcer en vain de faire ce que nous n’avons pas envie de faire. Les bonnes résolutions ne fonctionnent que rarement très longtemps ! Sauf si on a envie !
Je crois qu’on peut appliquer ce conseil d’influenceurs à l’Évangile. S’il y a une rencontre réelle avec le Christ, alors nous serons en mesure d’appliquer les commandements de l’Évangile. Si nous sommes amoureux du Christ, alors nous nous mettrons à son service dans la joie.
Mais si l’Évangile n’est qu’une règle qu’on nous impose ou qu’on s’impose à soit même, alors, nous aiderons peut-être un peu notre prochain de temps en temps, mais ce sera sans découvrir la joie qui anime les chrétiens qui vivent du Christ.
C’est probablement ce qui a manqué au prêtre et au lévite de la parabole du Bon Samaritain. Comme le docteur de la loi qui interroge Jésus, ils savent bien ce qu’est le commandement de Dieu. Ils savent ce qu’il faut faire. Mais ils ont autre chose à faire. Une autre fois peut-être. Aujourd’hui, je suis trop fatigué. Demain peut-être. Et voilà qu’ils passent à côté de la souffrance de l’homme. Ils passent à côté de la souffrance du Christ parce qu’ils ne connaissent pas le Christ, parce qu’ils ne l’ont pas rencontré.
Le Bon Samaritain est un homme de l’Évangile. Il accepte de rencontrer le Christ. Prendre le temps, soigner les plaies, payer l’aubergiste… Il ne s’est pas même rendu compte de ce qu’il faisait. Il l’a fait parce qu’il fallait le faire. Il a laissé ses autres occupations sans hésiter. Pourtant personne ne le voyait. Pourtant personne ne lui aurait reproché de passer outre comme l’avaient fait les deux autres. Aimer est pour lui une nécessité parce qu’il a rencontré le Christ dans la souffrance de cette homme laissé pour mort par les brigands.
Ce n’était probablement pas bien plaisant de s’arrêter pour panser les plaies. Mais le Samaritain l’a fait dans la joie et la simplicité.
Voilà que nous commençons notre pèlerinage au service, et certains d’entre vous vont s’engager comme auxiliaire. Ce que vous faites au service des malades est beau. Personne ne vous a forcé à venir servir. Vous ne le faites pas pour plaire aux hommes. Vous le faites parce que vous êtes appelés à vivre la joie de l’Évangile, à vivre la joie de l’amour de Dieu et du prochain.
Mais n’oubliez pas le Christ dans tout cela. Sinon, tôt ou tard vous allez vous retrouver comme le prêtre et le lévite de la parabole qui avaient donné leur vie à Dieu mais qui ne l’ayant pas rencontré ont fini par passer à côté de lui et à le laisser sur le bord du chemin.
Rencontrer le Christ nous met au service de nos frères. Nous mettre au service de nos frères nous permet de rencontrer le Christ. C’est pour cela que nous sommes à Lourdes. Ne négligez ni l’amour de Dieu, ni l’amour du prochain pour vivre enfin la joie de l’Évangile.
Liens utiles