Dieu s’est pris de passion pour sa créature ! C’est une folle histoire d’amour. Comme si Dieu avait perdu la raison devant la beauté de sa créature. Et pourtant, il ne s’agit que de Dieu qui nous révèle par sa manière de nous aimer sa véritable nature. Dieu est amour. Amour qui ne compte pas ; amour fou ; amour sans mesure.
Un artisan aime l’objet qui sort du travail de ses mains. Il en est fier et s’en glorifie. Mais jamais il n’en tombe amoureux comme notre Dieu est tombé amoureux de nous. L’homme et la femme, œuvres divines, sont devenus l’objet de tout son amour. Fol amour d’un Dieu pour sa créature.
Passionné à la folie, Dieu a accepté que l’homme ne l’aime pas. Et lorsque l’homme, incapable d’accepter l’amour divin le recherchait désespérément dans le péché qui le rendait esclave, Dieu s’est fait homme. Il a pris un corps comme celui qu’il nous avait façonné pour venir nous dire qu’il nous aime dans le langage qui était le nôtre.
Passionné à la folie par sa créature, Dieu fait homme nous a alors tout donné : « Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. » Lui le maître de l’univers s’abaisse à prendre la tenue de service. Il se met à genou devant ses disciples et comme un esclave, il leur lave les pieds. Lui le maître de l’univers prend la condition d’esclave et s’abaisse devant sa créature.
Jésus fait le geste de l’esclave mais ne le fait pas à la manière d’un esclave. L’esclave accompli sa tâche par obligation, résigné à sa condition d’esclave. Jésus accompli son œuvre par amour, ayant accepté de prendre la condition humaine. Le lavement des pieds par le maître de l’univers est le signe que l’amour est un don libre et total de soi-même. C’est le signe que Dieu est amour et que Dieu nous aime.
Dès lors, les esclaves que nous sommes peuvent désormais être libres. Nous sommes esclaves du péché qui nous a éloignés de cet amour fou de Dieu pour nous. Nous devenons libres en imitant le maître qui se fait esclave. Nous ne comprenons plus notre condition de créatures comme une punition mais elle redevient un don de Dieu, un don de l’amour de Dieu. Par l’amour du maître qui s’abaisse et nous sert, nous pouvons faire de notre service l’instrument de notre élévation et le lieu de la libération du péché qui nous rend esclaves.
Nous sommes libérés de l’esclavage du péché en nous mettant par amour au service les uns des autres comme Jésus l’a fait pour nous le soir du Jeudi Saint.
Mais ce n’est pas tout. Jésus ne nous a pas simplement montré l’exemple en se mettant à notre service ; il s’est donné lui-même : « Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. »
Et c’est ainsi qu’il nous donne son corps et son sang : « La nuit où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit :« Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » » Jésus se donne lui-même tout entier à nous. Passionné d’amour pour nous il nous donne sa vie pour qu’on puisse en vivre.
L’Eucharistie, instituée le soir du jeudi saint, c’est non seulement le chemin que nous devons prendre du sacrifice du Christ qui se donne à nous mais c’est aussi ce qui nous permet de vivre ce don de nous-même.
L’Eucharistie, c’est non seulement le signe de la communion fraternelle qui doit unir les disciples du Christ, mais c’est aussi ce qui rend possible cette communion de service mutuel dans l’Église.
Le corps livré du Christ, son sang versé nous sont donnés en nourriture et en boisson pour que nous recevions en nous cet Amour fou de Dieu et que nous en vivions. Le Corps et le Sang nous libèrent de la mort du péché et nous donne la vie de ce Dieu qui est Amour.
Nous pouvons désormais nous aussi prendre le tablier et nous abaisser librement et par amour pour nous mettre au service de la communion fraternelle.
Ce don qui est fait aux disciples est aussi un appel à se mettre à la suite du Christ. « Vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. » ;
« Faites ceci en mémoire de moi. »
C’est pour cela que nous prenons ce soir le chemin de la suite du Christ et que nous commençons par veiller et prier avec lui au jardin de Gethsémani comme il l’a demandé. (Mt 26)
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