Croire dans le retour du maître
« Attends-moi là, je te promets que je viendrai te chercher » dit sa maman au
petit Grégoire, à côté de la caisse au RunMarket, alors qu’elle doit faire un allé
retour exprès, parce qu’elle a vu qu’il y a nouveau de l’huile en rayon !
Le petit Grégoire fait à ce moment une expérience de foi et d’espérance. Sa
mère disparaît dans la foule au milieu des rayons, et lui reste seul avec
uniquement la promesse qu’elle reviendra…Nous sommes dans une situation
analogue depuis le départ du Christ. Il nous a laissé dans ce monde et nous a dit : « je reviendrai vous chercher ».
Frère et sœurs, ce qui soutient notre acte de foi, ce n’est pas tellement un attirail
de concepts bien ficelés (encore que, il n’est pas inutile de penser sa foi…), ou
un sentiment très prenant de la présence de Dieu, c’est d’abord et avant tout, la
confiance en celui qui nous a dit qu’il reviendra. Tout comme le petit Grégoire.
C’est parce que c’est Maman qui a dit qu’elle reviendra, qu’il va attendre
Maman. Un inconnu lui aurait dit la même chose, cela fait longtemps que
Grégoire serait au rayon jouet…C’est parce que c’est le Christ qui dit ce qu’il dit
que nous le croyons. Tout comme Abraham, il croit d’abord en Dieu qui s’est
manifesté à lui, avant de croire ce que Dieu lui demande. Et c’est parce qu’il fait
confiance (autre mot de la foi) qu’il obéit.
Dans notre propre attitude face à Dieu, avons-nous vraiment mis les choses dans
le bon ordre ? Croyons-nous que toute notre foi et d’abord et avant tout une foi
en quelqu’un qui s’est révélé ? Cela a des implications concrètes : lorsque je
récite le Credo, mon adhésion va-t-elle à tous les articles que je récite, ou fais-je
le tri ? La foi est un tout que nous recevons comme un dépôt que le Christ nous a
confié, à chacun, comme les intendants fidèles de la parabole. Il nous demande
de le garder précieusement.
Ce qui signifie qu’attendre le Christ dans la foi n’est absolument pas une attente
passive. Nous avons tout d’abord à ne pas sombrer dans le désespoir de ce qui
semble être à nos yeux une absence. Le petit Grégoire pourrait se mettre à
fondre en larmes, mais non ! Maman a dit qu’elle reviendrait, et Maman n’a
jamais menti ! Christ n’a jamais menti, il est fidèle et ne peut se renier lui-
même. Nous ne sommes pas à l’abri des tribulations parce que nous avons la foi,
seulement elles prennent un sens renouvelées, du fait que nous espérons le
retour glorieux du Christ. « Dans le secret de leurs maisons, les fidèles descendants des justes offraient un sacrifice, et ils consacrèrent d’un commun
accord cette loi divine : que les saints partageraient aussi bien le meilleur que le
pire », dit le livre de la Sagesse dans notre première lecture.
Ne pas sombrer dans la tristesse et le désespoir ce n’est qu’un aspect par défaut
de notre foi, il nous faut également veiller sur ce dépôt. Un bon intendant prend
soin de ce qu’il lui est confié. Comme un précieux trésor de famille qui se
transmets depuis plusieurs générations. On ne voudrait pas interrompre cela.
Nous recevons cette foi, et nous la transmettons aux suivants. Frères et sœurs,
j’aimerais vous faire remarquer que depuis l’annonce de l’Evangile par les
premiers disciples, toute cette histoire n’est qu’une transmission de bouche à
oreille, qui se fonde sur la confiance en l’annonceur. Si vous avez la foi, c’est
parce que vous avez fait confiance aux premiers qui vous ont permis de
rencontrer le Christ, pour pouvoir ensuite mettre votre confiance directement en
lui. Mais vous êtes nécessairement passés par des intendants fidèles, qui vous
ont transmis en temps voulue la nourriture dont vous aviez besoin. « Heureux ce
serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi ! » Parce
qu’ayant reçu, à présent, vous êtes devenus vous-mêmes intendants des
mystères. Et « à qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup, à qui l’on
a beaucoup confié, on réclamera d’avantage ». Allons ! Méditons les paroles du
maître, ne nous égarons pas dans des considérations qui ne sont pas de lui.
Gardons sa parole et rien que ça parole, c’est la seule qui vaille, la seule qui
demeure à jamais.
Ainsi, si le Seigneur reviendra au moment où l’on s’y attend le moins, il faut
garder nos yeux tournés vers l’horizon de la fin des temps. Ce qui signifie : vivre
dans ce monde mais sans y habiter vraiment. Etre comme Abraham : nomade sur
cette terre, attendant la patrie du ciel. Tout comme notre petit Grégoire, fixant
ses yeux impatients vers le rayons « épicerie » attendant fébrile de revoir
apparaître la silhouette reconnaissable entre mille qui le ramènera à la maison !
Le nom de ce petit garçon dans notre parabole n’a pas été choisi au hasard.
« Grégoire » signifie en grec, le « veilleur ». Nous sommes ces veilleurs pour le
monde. C’est à nous que le Christ a donné la promesse, nous devons inciter tout
le monde à regarder dans la bonne direction, pour voir le jour éternel se lever
enfin.
Car Dieu accomplit toujours ses promesses, Dieu jamais ne nous trompe, parce
que la charité qu’il est ne peut agir ainsi. Alors que notre foi soit fondée dans le
Christ sauveur.
« Nous attendons notre vie du Seigneur, il est pour nous un appui, un bouclier.
Que ton amour, Seigneur, soit sur nous comme notre espoir est en toi ! » (Ps 32).
Liens utiles