En ce premier jour de l’année 2024, la liturgie de l’Église élève nos yeux et nos cœurs vers Dieu afin de recevoir sa bénédiction : « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! » (Dt 6).
Quand nous rencontrons quelqu’un qui nous aime, « son visage s’illumine pour nous » (Ps 66). Il en va de même dans nos rencontres avec Dieu. Il trouve sa joie en nous, ses enfants qui peuvent l’appeler « Papa », « Abba » (Ga 4).
Après les pétards et les cris du dernier jour de l’an, la solennité de la Vierge Marie nous introduit doucement dans l’intériorité de la Mère de Dieu qui retenait tous les événements de la vie de son enfant Jésus et les méditait dans son cœur.
Il y a le Sacré-Cœur de Jésus, il y a le Cœur Immaculé de Marie, habité par la Parole de Dieu, priée et approfondie dans la lumière de la foi d’Israël. Cœur de Marie apaisé par l’Esprit Saint. Cœur de Marie tourné vers le Prince de la Paix, son fils Jésus.
La virginité féconde de Marie nous apporte un autre regard sur le monde et sur le temps nouveau qui commence. Nombreux sont ceux qui disent : « soyez réalistes ! ». Mais qu’est-ce que le réel ? Le quantifiable ? La puissance de l’argent et des technologies ?
Par sa foi, la Vierge Marie nous invite à regarder la réalité du point de vue de Dieu. Nous voulons que cette nouvelle année soit réussie. Nous nous souhaitons « une bonne année ! », « la santé, de l’argent, l’amour, le développement de nos projets, de notre potentiel ». Marie, mère, éducatrice, nous souhaite comme aux noces de Cana la foi en Jésus : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2,5).
La foi de Marie est la foi de l’Église. Elle est dite bienheureuse, très heureuse, à cause de sa foi : « Bienheureuse celle qui a cru en l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur », s’était exclamée sa cousine Élisabeth lors de la Visitation. Joie de croire en la révélation divine, allégresse dans le service au quotidien. En ce 1er jour de l’an, nous célébrons aussi la Journée mondiale de la paix. Ressuscité, Jésus a donné sa paix aux apôtres. Saint Paul présente la paix non pas comme un sentiment psychologique mais comme un don de l’Esprit Saint (Ga 5,22).
Saint Augustin définissait la paix comme « la tranquillité dans l’ordre ». Pour goûter la paix, nous avons à mettre de l’ordre dans nos choix, c’est-à-dire à accorder la première place à Dieu pour l’aimer de toutes nos forces et aimer notre prochain comme nous-mêmes.
Par sa foi, la Vierge Marie n’était qu’amour pour Dieu et pour les autres. Femme de prière, elle jouissait de la douceur divine. Un aphorisme latin du Moyen-Âge enseigne « Quanto interius, tanto dulcis » ; plus je me trouve au-dedans de moi-même, plus j’en goûte la douceur, la douceur de la présence de Dieu au plus profond de moi.
Le pape François a axé son message pour la Journée mondiale de la paix sur le thème « Intelligence artificielle et paix ».
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », disait Rabelais (+1553). Les découvertes technologiques appellent un surcroît de discernement sous peine de perdre le nord, le sens de la création et de la vie humaine, comme des apprentis-sorciers à l’image des personnages du film « Jurassic Park ». Les nouvelles découvertes technologiques restent des moyens et non un but en soi.
Elles ne pourront jamais remplacer l’intelligence et l’amour humain. Saint Paul écrivait aux chrétiens d’Éphèse : « La paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ » (Ep 4,7). « L’amour est lui-même connaissance », enseigne saint Grégoire le Grand (+604). L’amour vivifie la raison et la conduit au-delà de ses limites. Comme l’amour n’est pas artificiel, il ne sera pas possible de réduire la connaissance à l’intelligence artificielle.
Confions notre nouvelle année à Notre-Dame des commencements, celle qui a reçu la grâce d’inaugurer la Nouvelle Alliance de Dieu avec les hommes par sa foi : foi à l’Annonciation, à Bethléem, à Cana, sur le Calvaire, au Cénacle …
Remettons notre corps et notre âme, notre vie et notre mort, ce que nous sommes, ce que nous avons, chaque jour de cette nouvelle année 2024, entre les mains de la Vierge Marie, afin de devenir des serviteurs et des servantes du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.
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