Le pain venu du ciel
« Mann ou ? » Mais qu’est ce que c’est que ce pain qui descend du ciel ? Demandent les hébreux, et nous pouvons en faire tout autant. Ce pain est bien curieux, tant celui dans le désert du livre de l’Exode que celui de la synagogue de Capharnaüm dans l’évangile selon S. Jean.
C’est donc du pain qui n’est pas fait par l’homme, mais que l’homme peut manger. Plus que cela même, c’est un pain, dans l’Exode comme dans l’Evangile, qui ne vient pas de ce monde. Une nourriture dans ce monde mais qui n’est pas issue de ce monde. Si elle n’est pas de ce monde, elle ne nourrit pas comme la nourriture de ce monde.
Dieu nourri, comme un Père aimant, ou un bon berger. Dieu nous donne de quoi vivre. Il entretien en nous la vie dont il est lui-même l’origine. Il nous nourrit même lorsque nous râlons de cette faim qui nous oppresse. Il nous nourrit, même lorsque nous trouvons qu’il n’en fait pas asses, qu’il ne s’occupe pas bien de nous. Un peu comme ces hébreux dans le désert, qui râle contre Moïse : « Ah ! Il aurait mieux valu mourir de la main du Seigneur, au pays d’Égypte, quand nous étions assis près des marmites de viande, quand nous mangions du pain à satiété ! Vous nous avez fait sortir dans ce désert pour faire mourir de faim tout ce peuple assemblé ! » De la suspicion même ! Mais quelle impudence ! Ils ont été libérés d’un dur esclavage, et voilà que la seule faim leur fait regretter la liberté, qu’ils seraient prêts à troquer contre quelques marmites de viandes…Ces marmites de viandes, ce petit confort assuré, nous fait abdiquer bien des libertés, et ralentis considérablement notre Exode vers le Seigneur. « Tu nous as fait naître en ce monde pour y mourir ! C’est aussi absurde que de quitter l’Egypte pour un désert. » Alors nous préférons la plupart du temps le minimum de notre condition d’esclave de la société de consommation et du divertissement, plutôt que la traversée aride qui nous mène vers la terre promise. Nous préférons le petit pactole que nous avons réussis à assurer, au prix de quelques compromis avec le maître oppresseur qui gouverne ce monde, plutôt que les verts pâturages dont le chemin pour s’y rendre est connu du seul berger qui nous libère.
Mais Dieu répond : « Je vais te nourrir pour la route. Le désert n’est pas aussi aride qu’il en a l’air, n’es pas peur. Ne râle pas, je m’occupe de toi ! Voici le pain venu du ciel. »
Ce pain est bien celui de la route, il vient assurer et fortifier notre marche pendant l’Exode de cette terre. Pour ne pas défaillir en chemin, pour ne pas que notre cœur ne se décourage et perde toute espoir d’atteindre son but, Dieu nous donne une nourriture, tout comme il a nourrit les hébreux entre l’Egypte et le pays de Canaan, la terre promise.
Nul besoin de beaucoup pour être rassasié avec ce pain que Dieu donne, une bouché suffit. Un petit morceau redonne force et vigueur à l’âme affamée. Et oui, notre âme aussi à faim et soif ! Pas de la même chose que notre corps, mais c’est bien du même ordre. Notre âme aussi a besoin de recevoir une nourriture qui la maintient en vie. Ce pain venu du ciel c’est le gros morceau, solide, qui rassasie pleinement. Mais nous avons aussi des portions plus petites qui sont aussi nécessaire : notre prière régulière. Le Seigneur s’accommode tout à fait du fait que nous mangions entre les repas ! Entre chaque communion, notre âme a aussi besoin de petites bouchés. Une prière régulière est aussi une manière de nourrir mon âme, qui en a besoin pour rester en vie, et non pas juste vivoter.
Sans sa relation à Dieu, notre âme s’égare, elle cherche des consolations, des remplacements dans ce que ce monde lui propose. Et parmi tout cela, il y a du poison, pas que, certes, mais il y en a. Nous avons besoin d’une nourriture saine et assainissant pour l’âme. Et c’est justement ce pain venu du Ciel, ce pain qui est Jésus lui-même.
Il y a tout de même une différence essentielle entre la manne du désert de l’Exode, et le pain que nous propose Jésus. C’est que ce pain, c’est son corps, c’est lui-même. Et donc ce pain n’est pas juste un moyen pour la route, même s’il l’est aussi, il est surtout le but même de la route. Communier c’est déjà recevoir, sous une forme voilée, le but de toute notre vie. C’est avoir une petite parcelle de ce que sera la vie éternelle, la joie suprême, la plus maximale possible pour nous. Alors frères et sœurs, on ne peut pas communier machinalement, en prenant juste « l’hostie ». Nous allons recevoir parmi nous, le pain venu du ciel, le Seigneur de la Gloire, discrètement dissimulé sous l’apparence de cette hostie. Alors il nous faut nous avancer en ayant conscience de qui est présent, pour le recevoir vraiment, afin d’être nous aussi rassasié par ce pain venu du ciel.
Amen
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