Des bergers, des prophètes et rois
Messe de l’aurore de la Nativité Prêché à la cathédrale de S. Denis
Des bergers, des prophètes et des rois. Tout ce monde se mêle dans la crèche, tous se retrouvent autour du signe annoncé par les anges. Tous annoncent et adorent le même Dieu venu parmi les siens.
Mais frères et sœurs, ne vous y trompez pas, en parlant de bergers, de prophètes et de rois, je parle en réalité uniquement des mêmes personnes : des bergers eux-mêmes !
Le récit que nous avons entendu nous présente ces pastoureaux que les anges envoient vers la crèche. Des bergers, de simples bergers, des hommes que l’on engage pour garder des bêtes qui ne sont pas les leurs, des mercenaires d’élevage avec qui on ne se mêlent pas d’ordinaire. Des gens qui vivent dehors avec les bêtes, à peine des hommes…
Ces vauriens en cette Sainte Nuit de Noël sont élevés au rang de prophète. Dans une visite tout aussi splendide qu’improbable, des anges leurs annoncent que le Ciel est descendu sur la terre. Lorsque ces habitants du Ciel y retournent, les bergers vont voir ce prodige : terre et ciel s’entremêlent dans un nourrisson. Les bergers ont été mis en contact avec le Ciel, pour ensuite pouvoir le reconnaître et l’annoncer quand ils le verront sur la terre. Ils sont rendu capable, par l’annonce angélique, de reconnaître ce qui est du ciel sur la terre.
Des bergers, des prophètes et des rois. Et ces petits bergers deviennent des prophètes, ils font pour Marie et Joseph la même chose qu’au préalable l’archange avait réalisé. A Marie l’ange avait dit que cet enfant serait « grand », qu’on l’appellerait « fils du Très Haut », et qu’il « régnerait sur le trône de David son père ». Et à cela les bergers ajoutent la suite de la révélation : c’est le « sauveur », « le Christ », le « Seigneur ». La précision est de taille. On est passé d’un héritier à l’origine à la fois connu et mystérieuse, au Messie clairement désigné, et même plus à la révélation de sa nature divine. Le terme de « Seigneur » ne renvoi qu’à Dieu lui-même dans l’Ecriture. Les bergers sont donc les premiers personnages du Nouveau Testament à confesser que Jésus est le Seigneur, que Jésus est Adonaï, que ce petit Jésus est Dieu Tout Puissant.
Il existe donc des grands et des petits prophètes, mais que sont ces bergers même pas nommés, des très petits prophètes ? ou des très grands ? Les plus insignifiants qui pourtant donnent, à la mère de Dieu elle-même, une part de la révélation que l’ange ne lui avait pas donné. Les mots qu’emploi ces petits pastoureaux les dépassent, et c’est pourtant eux qui sont chargé de les dire ! Le grand prophète Isaïe, dans ces 66 chapitres, n’a rien dit à propos de la venue du Fils dans notre chair d’aussi clair et précis que ces bergers en deux phrases ! Marie reçoit grâce à eux une nouvelle pièce du puzzle qu’elle conservera dans son cœur.
Des bergers, des prophètes et des rois. Qu’ont –ils de royales ces moins que rien ? C’est qu’ils ressemblent à David, lui-même berger, prophète puis roi. Tous ces évènements se déroulent à Bethléem, dans la ville de David, comme le précisent bien les anges. Ces bergers deviennent rois, parce qu’ils suivent le même chemin que l’illustre ancêtre du Messie, qui est passé de berger, à prophète, puis roi. De plus ils deviennent rois, parce qu’ils sont les premiers à voir de leur yeux l’avènement du règne de Dieu sur la terre. En adorant le roi des rois, ils deviennent à leur tour participant de ce règne qui vient !
Des bergers, des prophètes et des rois, voilà comment il nous faut contempler et participer à ce mystère, voilà comment nous devons nous approchez doucement de la crèche. Il nous faut avoir ce cœur pauvre, sans prétentions du berger ; louer de nos lèvres le Très Haut, et annoncer ses merveilles à l’exemple des prophètes ; pour avoir part à notre tour au règne qui vient, comme des rois !
Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime.
Amen
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