Conforter la joie
3ieme Dimanche Avent, Gaudete Cathédrale de Saint Denis
« Ben alors, Jean Baptiste, on a un p’tit coup de mous ? » Ca n’a pas l’air d’aller fort au fond des cachots d’Hérode. Le grand prophète des bords du Jourdain est en quête de confirmation : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Ai-je bien prophétisé à ton sujet Jésus, et suis-je dans les fers pour une juste raison ?
Et Jésus répond à ces envoyés de l’homme du désert. Et sa réponse n’apprend rien au prisonnier. Le premier verset de notre évangile dit bien : « Or Jean, dans sa prison, avait entendu parler des œuvres du Christ ». Et que dit Jésus aux disciples de Jean : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés,
et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. » Guérisons et prédication, ce ne sont rien d’autre que les « œuvres du Christ », que Jean connaissait déjà du fin fond de son cachot (cf. le premier verset cité).
Sauf que Jésus utilise des mots précis, il renvoie dans sa réponse à une prophétie, que nous avons entendue dans notre première lecture. Surprenant enchevêtrement de réponses…Un prophète, Jean Baptiste, annonce la venue imminente du Messie, et pour confirmer la parole de ce prophète, le Messie renvoie à la parole d’un autre prophète (Isaïe). Et ce faisant, le Messie confirme la parole des deux prophètes. Jésus conforte à la fois Isaïe et Jean Baptiste dans leurs missions respectives.
Et en lisant le prophète Isaïe, on a presque l’impression que ces paroles furent dites précisément pour répondre à Jean Baptiste, raison pour laquelle Jésus y fait allusion : « Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse comme la rosé, qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il exulte et cris de joie ! » D’où vient Jean ? Du désert ! C’est bien lui qui doit se réjouir ! Mieux encore, la suite : « Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent, dites aux gens qui s’affolent : « Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu. » Voilà bien le réconfort dont avait besoin notre prophète du désert. Lui dont les genoux chancellent : oui il ne s’est pas trompé ! C’est bien Jésus celui qui doit venir, lui dont il disait « Celui qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était. »
C’est la question de Jean qui lui a valu une telle réponse. Sans l’envoi de ses disciples auprès de Jésus, il n’aurait pas eu un tel réconfort. Jésus ne lui apprend rien, mais il lui révèle tout. Jésus ne lui donne pas d’informations nouvelles, mais il donne part à la Sagesse éternelle. Jésus ne fait pas du coatching avant épreuve, il affermit dans la joie par sa parole, le plus grand des prophètes, il lui applique une prophétie d’entant.
Et nous, qui parfois avons l’impression de crier dans un désert la Bonne Nouvelle du Salut, n’avons-nous pas envie de poser cette même question à Jésus ? Quand les barreaux de nos prisons nous enserrent : drames, stresses, trahisons, malversations, quand tous cela nous enferment, n’avons-nous pas, nous aussi, les mains défaillantes et les genoux qui fléchissent ? Ne nous est-il jamais arrivé de demander à Dieu ce qu’il fait ? Où est-il ? Pourquoi tel ou tel malheur ? Si, surement, cela nous a peut-être même rapproché très près de la frontière du doute.
Mais ce que le Christ a fait pour Jean le Baptiste, il peut le faire pour nous. Il peut nous rendre la joie. Qu’est-ce qui a déclenché cette réponse bienheureuse de notre Sauveur ? Une question ! Posons nos questions à celui que l’on attend pendant cet Avent. « Es-tu celui qui doit venir ? » Montre toi Seigneur, fais-toi connaître à ton peuple, réveille ta vaillance et vient nous sauver !
Car vous l’avez bien compris, la joie que nous célébrons en ce dimanche, c’est celle qu’annonce le prophète Isaïe : « Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse comme la rose, qu’il se ouvre de fleurs des champs, qu’il exulte et crie de joie ! »
Alors laissons venir dans le désert des désespoirs de nos vies, l’eau qui rend la joie. « Car de l’eau jaillira dans le désert, des torrents dans la steppe, la terre brûlée deviendra un étang et le pays de la soif se changera en source », dit ce même prophète Isaïe. Disons à Dieu notre soif, manifestons lui notre désir de le voir descendre parmi nous. Alors il nous donnera l’espérance en son salut. Peu importe les épreuves, gardons les yeux fixer à l’Orient, il va venir, lui, le jour sans fin !
« Alors ? Ça va mieux Jean Baptiste ? Oui, tu es au bon endroit, et tu as fait ce qu’il fallait ! Tu l’a vu celui qui doit venir, et ce n’est pas un autre que nous attendons. Toi, le plus grand des prophètes, obtiens nous la grâce de désirer ardemment la venue de celui que tu as annoncé, et donne nous de communier à la joie qui fut la tienne, jusque dans ta prison, et qui est parfaite à présent dans la gloire ! »
Amen, viens Seigneur Jésus !
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