Croire en la miséricorde
C’est asses rassurant d’entendre parler de nous dans l’évangile. La plupart du temps ce que nous y lisons concerne d’autres que nous. Nous pouvons nous identifier à certains personnages certes, mais on ne parle pas de nous directement. Et ce soir, si ! Jésus nous mentionne, Jésus a ce soir une penser pour nous spécifiquement. Si vous avez bien suivi la proclamation de l’évangile, vous voyez surement à quoi je fais référence, si vous vous êtes un peu assoupi à cause de la chaleur vous cherchez à quel moment on a prononcé votre prénom (ce qui vous aurez peut-être fait sortir de la torpeur d’ailleurs…). « Heureux ceux qui crois sans avoir vu » voilà ce que dit Jésus, et là, il parle de nous directement ! Il le dit à Thomas qu’il appel juste avant incrédule, et qu’il invite à devenir croyant. Thomas a vu, comme les autres disciples, et il croit. Il a eu un peu de mal à croire sans voir, or il croit et professe « mon Seigneur et mon Dieu ».
Et nous qui ne voyons pas, ou seulement à travers les apparences voilées du pain et du vin, nous sommes dits « heureux » en ce dimanche ! C’est surprenant, parce que la plupart du temps ce n’est pas tellement un sujet de joie pour nous, d’être dans ce régime de la foi sans voir. Mais Jésus pense à nous une semaine après sa résurrection et il dit que nous sommes heureux d’être dans cet état.
La foi est une manifestation de la miséricorde de Dieu. Cette miséricorde est première en Dieu, puisqu’elle est l’expression de sa bonté envers les créatures, qui par définitions lui sont inférieurs. Le mot lui-même renvoie à une idée d’un cœur plein de misère, sous-entendu d’un autre. La miséricorde de Dieu précède même sa justice. La création est déjà une œuvre de miséricorde, parce qu’il y a plus de bien dans le fait d’être que de rester dans le néant. Dieu ne crée que par bonté et gratuité.
Et pourquoi la foi serait une miséricorde ? Parce qu’elle est le moyen d’atteindre Dieu, et donc de mettre fin à notre propre misère. Dieu ne laisse pas sa créature se dépatouiller avec ses drames, ses erreurs, ses sorties de route, il donne le moyen de recalculer le bon itinéraire, et tout cela est miséricorde.
Et en plus, ce moyen qui est la foi, n’a justement rien d’évident. Il faut chercher et poser un acte de foi. « Heureux ceux qui croit sans avoir vu ». Si Dieu se donne à voir, il s’impose en quelque sorte. Par la foi, il nous fait la miséricorde de le choisir et de le choisir pour de bonnes raisons. La foi doit se purifier. Pour qu’elle soit vraie et pure, cette foi doit absolument saisir que la miséricorde de Dieu est inconditionnelle. Dieu ne m’aime pas à cause de mes mérites. Je ne fais pas le bien pour que Dieu m’aime. Nous fonctionnons que cela dans la plupart de nos relations. Nous faisons des choses, non pour aimer, mais pour être aimés de d’autres. Dieu ne m’aime pas pour ce que je fais, mais ce que je suis. Et même plus que cela, c’est parce que Dieu m’aime, que je suis ! La raison fondamentale, qui explique chacune de nos existences personnelles est un amour, un acte de miséricorde. Dieu nous a fait miséricorde d’abord en nous donnant l’être, puis en nous donnant la foi et enfin en nous donnant accès au salut par cette même foi qui nous permet de recevoir le pardon de nos péchés.
Attention de ne pas réduire la miséricorde divine à uniquement le pardon des péchés. Dieu n’arrive pas en bout de chaîne, à la fin de l’histoire du monde, en coup de théâtre juste pour changer la fin. La miséricorde est le fondement même de l’existence de toutes choses. Dieu a eu asses de pitié amoureuse pour créer des êtres qui lui sont infiniment inférieurs afin de pouvoir ce lier d’amour avec eux, et ce faisant, il en fait son égal. Dieu pense à nous, rien que cela, c’est déjà de la miséricorde. Que la Perfection même puisse se pencher sur notre misère voilà un sujet d’exultation. Et c’est bien ce que dit la Vierge dans son magnificat « il s’est pencher sur l’humiliation de sa servante ».
Notre vraie joie en ce dimanche, c’est d’apprendre ou de réapprendre que notre vie n’est pas absurde et que l’on n’a pas à la justifier aux yeux de Dieu. C’est gratuit la vie, aussi gratuit qu’une fleur qui fleurit dans des endroits que personne ne voit. Tant que j’essaye de me justifier je n’entre pas dans cette gratuité divine. C’est Dieu qui justifie et qui aime avant même que nous ayons le quart de la moitié du commencement de l’idée de nous tourner vers Lui.
Avant même que nous existions, Jésus a pensé à nous ! « Heureux ce qui croient sans avoir vu » Avant même que nous ayons l’idée de le trahir, il nous a sauvé. Avant même le début, il a transformé la fin. Voilà peut-être ce qu’est la miséricorde, une prévenance de Dieu à notre égard et pour tout. Elle est la réponse de la bonté de Dieu à notre misère. Misère de ne pas exister, misère de tomber dans le péché, misère de mourir. La création ne pouvait rester misérable, Jésus est venu la glorifier.
Rendons grâce à Dieu pour sa miséricorde, et redisons-lui ce que disent ceux qui le reconnaissent, même sans l’avoir vu : « Mon Seigneur et mon Dieu ».
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