L’union de saint Joseph à l’humanité et à la divinité de Jésus
Fr. Manuel Rivero O.P.
Saint Joseph appelé « le grand silencieux » ne nous a pas laissé une seule parole dans la mémoire des Évangiles. Homme de foi et d’action, Joseph a reçu une mission de la part de Dieu, annoncée en songe par l’Ange du Seigneur (cf. Mt. 1, 20-25), et il l’a menée à son accomplissement dans la force et la tendresse propres à un époux, l’époux de Marie, et de père adoptif de l’enfant Jésus : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme : car ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus : car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Pour saint Luc l’évangéliste, Marie brille comme la grande figure du commencement de l’Incarnation du Fils de Dieu. En revanche, pour saint Matthieu l’évangéliste, c’est Joseph qui joue un rôle capital dans l’Incarnation. En effet, c’est grâce à la foi et à la dynastie davidique de Joseph, que Marie reçoit un époux et l’enfant Jésus un père adoptif qui l’élève et l’enracine dans la descendance du roi David. Le Messie devait provenir de la maison du roi David, qui était né à Bethléem.
Marie et Joseph reçoivent des missions différentes et complémentaires. Marie deviendra par sa foi dans le Verbe fait chair, annoncé par l’ange Gabriel, la mère du « Fils du Très-Haut » (Lc 1, 32), et aussi la mère du Messie, roi : « Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père ; il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n’aura pas de fin » (Lc 1, 32-33).
Dans le mystère de l’Incarnation, Marie est unie au Fils de Dieu par sa maternité divine. Mère de l’humanité du Fils de Dieu fait homme, Jésus, Marie participe à la divinité à travers le corps de son fils Jésus, qui est son propre corps. « Né d’une femme », dira saint Paul (Ga 4,4). Jésus ne ressemble physiquement qu’à sa mère.
La participation à l’union hypostatique
En revanche, Joseph va aussi participer à la divinité de Jésus, non pas à la manière de Marie en lui donnant son code génétique, mais par son ministère de père adoptif. C’est ainsi que l’humanité de Jésus sera façonnée par la présence aimante et protectrice de Joseph, par son exemple d’humanité droite et fervente dans la prière au Dieu d’Israël, sans oublier la transmission d’un savoir-faire en tant que charpentier.
Le saint pape Jean-Paul II a écrit à propos de la paternité humaine de Joseph: « Sa paternité ne découle pas de la génération ; et pourtant, elle n’est pas « apparente » ou seulement « substitutive », mais elle possède pleinement l’authenticité de la paternité humaine, du rôle du père dans la famille. Il y a là une conséquence de l’union hypostatique : l’humanité assumée dans l’unité de la Personne divine du Verbe-Fils, Jésus-Christ. Avec l’humanité est aussi « assumé » dans le Christ tout ce qui est humain et, en particulier, la famille, première dimension de son existence sur terre. Dans ce contexte est aussi « assumée » la paternité humaine de Joseph .»
Le mot « hypostatique » nécessite définition et explication. Son étymologie provient « du grec hypostasis qui veut dire substance, réalité, et, par extension : personne.
Le Christ ayant une nature divine et une nature humaine n’est cependant qu’une seule personne (hypostase) d’où l’expression d’union hypostatique ». Le théologien jésuite, François Suarez (+ 1617), professeur à l’université de Salamanque, avait déjà présenté la paternité de saint Joseph comme une participation au mystère de l’Incarnation dans la lumière du mystère de Dieu .
La collaboration de saint Joseph à l’union hypostatique du Verbe qui a pris chair en Marie représente une médiation extrinsèque, différente de l’union de Marie à Jésus dans sa maternité, « chair de sa chair ». Il s’agit d’une coopération morale, éducative, spirituelle en tant que père éducateur de Jésus. Il convient aussi de souligner la participation de saint Joseph au mystère de l’Incarnation de Jésus à travers l’amour à l’égard de Marie, son épouse ; tant il est vrai que le meilleur cadeau qu’un père puisse offrir à son fils est d’aimer sa mère. En aimant Marie, Jésus a grandi « en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes » (Lc 2,52).
Aujourd’hui, la Vierge Marie continue d’exercer sa maternité divine en tant que Mère de l’Église par son intercession auprès de son fils Jésus le Christ. Lors des noces de Cana, Marie avait vu le manque de vin qui allait gâcher la joie du mariage. Sans que personne lui demande quoi que ce soit, elle présenta humblement à Jésus les besoins des époux : « Ils n’ont pas de vin » (Jn 2,3). La Vierge Marie intercède de manière universelle pour tous les hommes. « Mère de miséricorde », « Mater misericordiae » chante le Salve Regina, Marie manifeste son amour catholique pour tous, croyants ou pas.
Les derniers papes ont mis en lumière la sainteté de saint Joseph, notamment depuis Léon XIII avec son grand souci de justice sociale. Le pape Pie XI consacra la Russie à saint Joseph le 19 mars 1930. Pie XII mit la fête du 1er mai sous le patronage de saint Joseph, ouvrier. Saint Jean XXIII confia à saint Joseph le Concile Vatican II. Plus récemment, le pape François a donné à l’Église la belle Lettre apostolique Patris corde, datée du 8 décembre 2020.
Sainte Thérèse d’Avila (+1582) confia la fondation du premier Carmel d’Avila à saint Joseph. Dans sa « Vie », elle avoue ne pas connaître des personnes qui auraient été déçues en se tournant avec foi à saint Joseph.
Aussi pouvons-nous confier à l’intercession de saint Joseph nos projets, notre vie de prière, les soucis matériels et immobiliers, la vie des époux, la mission des évêques dont il est le patron, et de tous les hommes de bonne volonté.
Saint-Denis (La Réunion), le 25 janvier 2025, en la fête de la conversion de saint Paul, apôtre.
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