On connait de saint Martin surtout l’épisode fameux où il donna la moitié de son manteau à un pauvre pour découvrir le soir dans une apparition que l’homme apparemment insignifiant vers qui il avait penché son regard n’était autre que le Christ Jésus lui-même. « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »
Mais l’on connaît moins la phrase magnifique que saint Martin a prononcé le jour de sa mort et qui peut être une véritable source d’inspiration pour nous : « Seigneur, en voilà assez de batailles que j'ai livrées pour toi. Je voudrais mon congé. Mais si tu veux que je serve encore sous ton étendard, j'oublierai mon grand âge. » En cela saint Martin ressemble beaucoup à saint Paul qui écrit aux Philippiens : « Je désire partir pour être avec le Christ, car c’est bien préférable ; mais, à cause de vous, demeurer en ce monde est encore plus nécessaire. » (Ph 1, 23-24)
Saint Martin est devenu un véritable disciple et apôtre de Jésus. De soldat romain qu’il était, il a pris la route du Christ Jésus, de cet homme qui s’est laissé faire et qui pour nous sauver a accepté de mourir sur une croix et d’avoir son cœur transpercé par la lance du centurion.
Comment passe-t-on de soldat païen à évêque chrétien ?
Par un changement radical ! D’une manière ou d’une autre, le soldat Martin a découvert le Christ et l’a rencontré personnellement. Membre d’une légion païenne, il l’a rencontré on ne sait pas trop où, au détour de quelque campagne militaire, lors d’un moment de repos, auprès de chrétiens qui peut-être lui ont fait la charité ou l’ont soigné après une bataille. Nous ne savons pas.
Mais ce qui est certain c’est que cette rencontre a été réelle et a bouleversé la vie de notre futur saint. Bouleversé sa vie de l’intérieur. Martin reste d’abord le soldat qu’il est mais décide de vivre de la charité dont il a bénéficié lui-même. Et le voilà qui offre tout ce qui lui appartient, la moitié de son manteau à un pauvre, à un autre Christ.
Mais cela n’était pas suffisant. Il fallait qu’il devienne lui-même comme le Christ. Il ne lui suffisait pas de donner d’en haut de sa monture, il fallait qu’il descende pour embrasser le Christ. Il ne lui suffisait pas de donner la moitié de son manteau, Martin a voulu donner toute sa vie. Il ne lui suffisait pas de vivre de la charité, il voulait aussi la transmettre à d’autre. Ce qu’il avait reçu gratuitement, il voulait le donner gratuitement.
La voilà la bataille de saint Martin. C’est une belle bataille qui l’a mené à une magnifique victoire. C’est la bataille pour devenir comme le Christ ! C’est un nouveau champ de bataille qui s’offre à lui, celui de la conquête de lui-même. C’est un nouveau maître à qui il obéît. Non pas un maître, mais un ami. « Je ne vous appelle plus serviteur, mais ami. »
« Seigneur, si tu veux que je serve encore sous ton étendard, j'oublierai mon grand âge. »
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