Une richesse reçue et donnée
Mémoire de la Vierge Marie Reine Prêché à la cathédrale de S. Denis
De quoi, il est difficile pour un riche d’entrer dans le Royaume ? d’être avec Dieu ? D’être sauvé ? Mais alors qui le peut ? Etrange interrogation des disciples qui pour la plupart ne sont pas vraiment de haute extraction…Ils ne devraient pas tellement se sentir concernés par cette question des richesses. C’est peut-être parce qu’ils ont présent en arrière fond la figure d’un riche célèbre de l’histoire sainte, il s’agit d’Abraham. Le premier riche de la Bible, et qui est décrit comme tel, c’est cet antique patriarche. Et depuis Abraham, la richesse est synonyme de bénédiction. Dieu bénis un serviteur en lui procurant de nombreux troupeaux. C’est d’ailleurs encore souvent comme cela que l’on comprend la bénédiction de Dieu, en Islam par exemple, mais pas que, pour certains protestants, et notamment américains, et surement un peu chez nous aussi. Une abondance de bien est le signe d’une abondance de bénédictions. Si les riches n’entrent pas aisément dans le Royaume, Abraham est-il sauvé ? Vous saisissez l’angoisse qui peut naitre dans l’esprit de ses descendants, même lointain…
Jésus répond, indirectement, qu’Abraham n’a pas fait son salut, mais il a été sauvé. La référence discrète à Abraham par Jésus est faite par la réponse qu’il donne aux disciples. Cette réponse dit : « Pour les hommes, c’est impossible, mais pour Dieu tout est possible. » et elle se trouve être très proche de celle que les anges font à Abraham au chêne de Mambré lorsqu’ils lui annoncent la naissance prochaine d’Isaac : « Y a-t-il une merveille que le Seigneur ne puisse accomplir ? » et que l’on retrouve aussi chez S. Luc dans la bouche de l’ange annonçant la conception du Christ à la Vierge : « Car rien n’est impossible à Dieu. »
Ainsi, malgré toutes ses richesses, Abraham n’a pas pu obtenir d’enfant de Sarah, c’est Dieu qui le lui donne, c’est Dieu qui est maitre de la vie. La vie donnée par Dieu n’est donnée que par lui et lui seule. Ainsi en va-t-il du salut. Notre histoire de salut est une succession de réception et de don. L’exemple parfait cela, c’est la Vierge elle-même. Elle reçoit la grâce de l’Immaculée conception, puis de la maternité divine. Elle offre ce fils en sacrifice, pour être exaltée dans la gloire et couronnée par ce même Fils.
Dieu nous demande d’entrer dans ce va et vient de réception et de don, et de ne pas fermer les mains sur le peu que l’on possède. Plus je donne, plus je reçois ce que Dieu veut encore me donner. Et cela conduit à la gloire.
Implorons donc la médiatrice de toutes grâces, de nous obtenir le don de savoir recevoir et donner. Car de la gloire où elle se tient, elle sait se faire toute proche pour nous enseigner la liberté et la docilité qui fut la sienne à l’action de la grâce. Sa richesse est toute nôtre dès lors que nous consentons comme elle a consenti à l’œuvre de Dieu en elle. Qu’elle nous conduise toujours plus avant sur notre chemin vers le Royaume, où elle règne avec son Fils, sous le regard du Père dans l’unité du Saint Esprit.
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