Jésus est-il dur ? Je ne crois pas. Il dit à la femme adultère dans l’évangile de Jean : « Je ne te condamne pas. » (Jn 8, 11) « Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. » (Jn 3, 17) dit encore saint Jean.
Jésus n’est pas dur avec le pécheur, il ne le condamne pas. En revanche, le salut qu’il nous propose est radical. Je ne pense pas qu’il veuille faire de nous des manchots ou des borgnes. Mais il nous indique par cette image un chemin qui implique une certaine radicalité. On ne peut pas vivre l’Évangile à moitié. On ne peut pas suivre le Christ sans accepter de se détacher des réalités du monde.
« Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera. » (Mt 16, 24-25)
C’est radical. Mais ce qui est radical, c’est surtout de vivre de l’amour de Dieu qui nous est donné en Jésus.
Renoncer à soi-même, c’est accepter de ne pas prendre pour soi – convoiter comme dit l’Évangile du jour – mais de découvrir que l’amour est don de soi, comme Jésus nous le montre en devenant homme et en mourant sur la croix.
Prendre sa croix, c’est accepter que l’amour nous mette sur un chemin difficile qui nous oblige à un véritable effort. Pour nous qui sommes pécheurs, il n’y a pas d’amour véritable qui soit facile et qui coule de source. Comme le dit saint Paul, c’est dans des « vases d’argiles » qu’a été déposé le trésor de l’amour de Dieu.
C’est donc en suivant le Christ, c’est-à-dire en vivant de son amour que nous pouvons trouver la force nécessaire pour vivre notre vocation à l’amour, notre vocation au don de nous même pour nos frères.
C’est radical d’aimer comme Dieu aime. Mais il n’y a là aucune dureté de la part de Jésus que de nous proposer de vivre cela en nous donnant de pouvoir entrer dans la communion du Père, du Fils et de l’Esprit.