J’aime beaucoup le récit des martyrs d’Israël dont on a entendu une partie dans la première lecture. Je ne peux pas m’empêcher d’imaginer la souffrance terrible de la mère des sept frères qui furent arrêtés par le roi Antiocos. Elle a vu chacun de ses fils être exécuté pour ne pas avoir renié sa foi. Malgré sa douleur, elle a encouragé jusqu’à son dernier fils à être fidèle à Dieu plutôt qu’à obéir aux hommes. Incroyable force d’âme des fils et de la mère. Même leurs bourreaux le reconnaissent : « Le roi et sa suite furent frappés de la grandeur d’âme de ce jeune homme qui comptait pour rien les souffrances. »
S’il ne compte pour rien les souffrances, c’est parce qu’il a appris de sa mère où porter le regard. Il a appris ce qui importe vraiment. Non pas la vie de ce monde, mais la vie éternelle. Sans cette espérance et cette foi en la résurrection, il n’y aurait aucune raison de refuser de sacrifier aux idoles. Il n’y aurait aucune raison d’être honnête et bon. Il n’y aurait aucune raison pour nous non plus de vivre une vie droite. À quoi bon s’embêter s’il n’y a rien d’autre que ce que nous voyons avec nos yeux de chair ?
Avoir les yeux rivés vers le ciel qui nous est donné. Voilà la seule et unique possibilité d’être bon sur la terre.
J’aimerais vous poser une question à vous qui êtes parents : Que préférez-vous pour vos enfants ? Une vie donnée au Christ ou bien une vie sociale bien réussie ? Un saint qui accepte de tout donner et de partir prêcher la bonne nouvelle sans aucune sécurité pour lui-même, ou bien un homme un peu quelconque mais qui remplit toutes les cases d’une vie réussie selon le monde ? Une vie tournée vers la vie éternelle, ou bien une vie tournée vers ce monde ci ?
Si vous n’apprenez pas à vos enfants à regarder vers le ciel, ils resteront sur la terre. Si le désir de votre âme n’est pas pour vous-même d’aller au ciel, vous rechercherez ce qui est terrestre et vos enfants chercherons ce qui est terrestre.
Contrairement aux pharisiens, les saducéens soutenaient qu’il n’y a pas de résurrection ! Mais au fond, saducéens comme pharisiens vivaient comme s’il n’y avait pas de résurrection. Qu’ils professent ou pas la résurrection, ils cherchaient tout autant les biens et les plaisirs de ce monde. Il ne suffit pas de professer pour croire, il faut que cette foi vienne du tréfond de l’âme et irrigue chaque action de chaque jour.
Et nous, ne vivons-nous pas comme si le Christ n’était pas ressuscité ? Ne vivons-nous pas comme s’il n’y avait pas de résurrection ?
Je vous propose de faire un petit exercice en vous posant à vous-même une simple question : Et si le Christ n’était pas ressuscité, qu’est-ce que ça changerait à ma vie ? Aurais-je la même vie si le Christ ne m’avait pas sauvé en ressuscitant d’entre les morts et s’il ne m’appelait pas à la gloire du ciel ? Aurais-je les mêmes désirs ? Ferais-je les mêmes choix ? En un mot, si je croyais vraiment en la résurrection, à quoi ressemblerait ma vie sur la terre ?
La résurrection de Jésus change pourtant tout ! Croire en sa résurrection change toute notre vie ! C’est que la résurrection est gage de notre propre résurrection. C’est parce que le Christ est ressuscité que nous sommes nous aussi appelés à la vie éternelle et que désormais notre vie entière en est changée. C’est parce qu’il a vaincu la mort que nous pouvons vivre. Croire ou ne pas croire en la résurrection de Jésus change tout ! C’est vivre la vie éternelle à laquelle il nous appelle ou continuer à vivre dans le péché de ce monde voué à l’échec et à la mort.
« Si le Christ n’est pas ressuscité – dit saint Paul – votre foi est sans valeur, vous êtes encore sous l’emprise de vos péchés. » (1Co 15, 17)
« Ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts ne prennent ni femme ni mari, car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont enfants de Dieu et enfants de la résurrection » (Lc 10) nous dit Jésus. Être semblable aux anges, voilà notre vocation. Rechercher les réalités d’en haut et non pas celle de la terre.
Devons-nous donc tous vivre comme des moines et des moniales ? Non mais ce qu’ils font par choix de manière radicale, nous devons le vivre dans la vie qui est la nôtre. Comme le dit encore saint Paul : « Que ceux qui ont une femme soient comme s’ils n’avaient pas de femme, ceux qui pleurent, comme s’ils ne pleuraient pas, ceux qui ont de la joie, comme s’ils n’en avaient pas, ceux qui font des achats, comme s’ils ne possédaient rien, ceux qui profitent de ce monde, comme s’ils n’en profitaient pas vraiment. Car il passe, ce monde tel que nous le voyons. » (1Co 7, 29-31)
S’il n’y avait pas de résurrection et que nous étions voués au néant, alors nous pourrions dès maintenant vivre du néant que propose le monde. Mais puisque nous sommes voués à la vie éternelle, alors pourquoi attendre ? Pourquoi ne pas vivre dès maintenant la belle vie qui nous est promise pour l’éternité ? Être enfant de Dieu et enfant de la résurrection dans le temps et dans l’éternité.
Voilà notre appel !
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