Nous le savons, ce qui caractérise le plus Abraham, c’est sa foi qui est sans défaillance. Abraham a cru dans la Parole que Dieu lui adresse et il s’est mis sur la route qui lui était indiquée.

Et cependant, dans la vision dont nous venons d’entendre le récit, Abraham récrimine contre Dieu. « Tu ne m’as pas donné de descendance, et c’est un de mes serviteurs qui sera mon héritier. » En quelque sorte, Abraham reproche à Dieu de ne pas avoir encore tenu ses promesses.

Je trouve qu’il y a là une attitude de foi très belle qui devient une prière dont nous pouvons nous inspirer dans nos moments de détresse. C’est la prière pleine de foi qui rappelle à Dieu qu’il nous a promis. Seul celui qui a la foi et qui aime Dieu peut lui rappeler humblement l’Alliance qu’il a voulu gratuitement passer avec nous.

« Seigneur, je suis en difficulté ; rappelle-toi ton Alliance ; je compte sur toi. » Celui qui fait cette prière d’Abraham ne blasphème pas comme certains le pensent, au contraire, il manifeste qu’il a besoin du salut que Dieu lui a promis et qu’il fait confiance dans la solidité de cette promesse. Dieu va me venir en aide, non pas tant parce que je le mérite, mais parce qu’il me l’a promis et qu’il est fidèle.

On retrouve la même attitude intérieure qui pousse saint Bernard à écrire cette si belle prière en s’adressant à la Vierge Marie : « Souvenez-vous, ô très miséricordieuse Vierge Marie, qu’on n’a jamais entendu dire qu’aucun de ceux qui avaient eu recours à votre protection, imploré votre assistance, réclamé votre secours, ait été abandonné. Animé d’une pareille confiance… »