Thomas avait un jumeau. L’Évangile ne nous dit pourtant rien de ce jumeau qui nous reste inconnu. Cependant, Jean y fait allusion en indiquant le surnom de l’apôtre : Didyme, c’est-à-dire jumeau.
Saint Jean n’écrit pas au hasard et cette mention a très probablement une portée symbolique dans le récit de la résurrection que nous venons d’entendre.
Peut-être que ce jumeau mystère est là pour nous représenter. Thomas n’est pas le seul à avoir besoin de toucher pour croire. Il n’est pas le seul à ne pas vouloir se contenter de la parole des autres qui disent avoir vu le crucifié vivant. Nous aussi nous voudrions bien pouvoir toucher la réalité de la résurrection et la ressentir dans notre chair. Le doute de Thomas qui est parfois aussi le nôtre est souvent pour nous un sujet de culpabilité. Combien se sentent indignes de la vie chrétienne parce qu’ils ressentent ce besoin de voir pour croire !
Le chemin de Thomas est pourtant bien un chemin qui va le mener à la rencontre de Jésus. « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » dit Jésus à Thomas non pas tant comme un reproche mais comme une invitation à laisser sa foi grandir. C’est une invitation à désormais le toucher non plus avec ses mains mais avec sa foi.
C’est ce que Thomas va faire. La Tradition raconte qu’il est parti en Syrie puis en Perse et finalement en Inde. Il a aidé les pauvres et fait des miracles en même temps qu’il annonçait le Christ. C’est en Inde qu’il y a trouvé la couronne du martyr de la part de ceux qui ne voulait pas adorer le Dieu unique.
Dans les épreuves du missionnaire Thomas a vu par la foi les plaies du Christ dans son Corps qui est l’Église. Il a touché par sa charité ces plaies pour les soigner. Dans l’épreuve ultime du martyr, Thomas a touché par la foi les plaies du Christ au point de les faire siennes. Il a, comme le dit saint Paul complété en sa chair ce qui manque aux souffrances du Christ pour son corps qui est l’Église. (Cf Col1, 24)
Notre jumeau est comme nous, bien incapable de croire sans voir, mais appelé par la grâce à voir dans notre prochain le corps du Christ et à donner notre vie pour lui annoncer la résurrection.