Les anticorps du monde
20eme dimanche TO 2022
Il existe dans notre sang des cellules dont le rôle est de nous protéger de toutes agressions. On les appelle les « globules blancs ». Elles doivent repérés et éliminés dans l’organisme ce qui peut lui nuire…
Le monde a aussi ses anticorps, et lorsque quelque chose qui lui est extérieur ou trop différent est introduit en lui, il réagit et cherche à l’expulsé. Jésus Christ est entré dans le monde et le monde a réagi. Il a cru bon pour sa santé de faire sortir ce qu’il a identifié comme une intrusion. Car il existe dans le monde des réalités qui sont profondément opposées à Dieu et à son action. Et toute « intrusion » de la part de Dieu sera toujours vu comme une maladie par le monde, parce qu’elle va venir perturber un ordre qu’il a établis sans Dieu. Cet ordre du monde, nous le connaissons, puisque nous vivons tout le temps immergés dedans, c’est celui du mal, du mensonge, de la rancœur, de la vengeance, de la médisance, ect…Le Christ est venu pour soigner un organisme malade, mais ce dernier se pense en bonne santé…
Telle fut l’expérience du prophète Jérémie, préfigurant le Christ. Face aux mensonges des chefs de l’armé d’Israël, il rétablit la vérité dans la guerre contre les chaldéens : « nous nous sommes trompés d’alliés ! » hurle-t-il. Et cela lui vaut de finir au fond d’un puit, les pieds dans la boue. Cette descente dans un trou est arrivée à un autre juste, et également pour la même raison : il avait dit la vérité ! Il s’agit de Joseph fils de Jacob. Le mot que nous traduisons par « citerne », présent dans ces deux passages, peut également signifier « fosse » : un trou creusé par l’homme, un endroit profond où disparaît ce que l’on y jette. Voilà ce que fait le monde quand on veut lui dire ce qui est vrai, il le jette dans un trou qu’il a creusé lui-même, pour s’en débarrasser, parce que cela pourrait modifier ses plans. Il identifie et détruit ce qui lui est contraire et lui apparaît comme une menace, ses anticorps réagissent.
Seulement, « le Seigneur aime le bon droit et la justice […]. Le Seigneur a déjoué les plans des nations, anéanti les projets des peuples. Le plan du Seigneur demeure pour toujours, les projets de son cœur subsistent d'âge en âge » dit le Psaume 32. Le Seigneur sait que ce corps veut l’expulser, ce corps qu’il a lui-même créé. Mais il répond dans le livre de la Sagesse : « Quand le juste eut été vendu, la Sagesse ne l’a pas abandonné : mais elle l’a arraché au péché, elle est descendue avec lui au fond de la citerne, dans les chaînes elle ne l’a pas quitté, jusqu’au jour où elle lui donna le sceptre royal et le pouvoir sur ceux qui l’avaient opprimé. Elle a convaincu de mensonge ses accusateurs et lui a donné une gloire éternelle. La Sagesse a délivré d’une nation d’oppresseurs le peuple saint, la race irréprochable. Elle entra dans l’âme d’un serviteur du Seigneur et, par des prodiges et des signes, s’est opposée à des rois redoutables. La Sagesse a récompensé les saints de leurs peines, les a conduits sur un chemin de merveilles. Le jour, elle fut pour eux un abri, et la nuit, une clarté d’étoiles. » (Sg 10. 13-17).
Tous les mensonges de ce monde connaîtront une fin, la vérité brillera comme le soleil se lève après la nuit. Les disfonctionnements que l’organisme « monde » tente de préserver seront rectifiés, quand le Seigneur renouvellera le corps en entier ! C’est cela le « feu » dont il parle en ce jour, c’est cette purification de tout le corps. Car sa sagesse agit même quand le monde fait envoie ses anticorps contre lui.
En attendant ce jour promis, chacun de nous est envoyé en ce corps comme un virus de la grâce ! Un chrétien doit aussi agir comme un révélateur de ce qui dysfonctionne dans le monde. Il montre par sa vie, ses choix, ses envies, et ses paroles, le mensonge et les malversations du monde.
Mais j’attire votre attention sur deux aspects. Le premier et le plus évident : nous ne sommes pas des anges, autrement dit des créatures uniquement issues du monde invisible, extérieur à ce monde. Nous sommes dans le monde, et le monde est en nous, malgré le don de la grâce et notre filiation divine, cela se mélange en nous. Nous réagissons aussi comme le monde, et nous ne sommes pas toujours dans le camp de la grâce…il nous arrive bien souvent d’être plutôt un globule blanc cherchant à expulser l’intrusion divine dans notre petit organisme, notre petite organisation !
Et le deuxième aspect, qui découle du premier : ne pensons pas trop vite que si notre monde nous critique ou nous rejette, c’est forcément à cause du nom de Jésus…Le Seigneur n’est pas responsable de nos défauts et de nos vices, et nos paroles ne sont pas toujours à son service. Je peux très bien dénoncer une injustice, juste pour le plaisir malsain de mettre un ennemi en défaut ! Et là je suis toujours un globule blanc du monde, il arrive que le système immunitaire s’emballe et s’attaque à ses semblables ! Attention de ne pas trop vite se mettre à la place de l’Agneau sans tâche victime de la méchanceté gratuite du monde, pour justement ne pas voir notre part de responsabilité dans cette méchanceté.
Alors apprenons humblement à réguler notre propre système immunitaire spirituelle, pour laisser celui qui est extérieur à notre monde nous envahir, afin qui nous puissions à notre tour répandre une charité contagieuse au monde qui veut être soigné mais qui n’a pas encore compris son mal.
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