Fête de saint François-Xavier, patron des missions et du diocèse de La Réunion
En ce 3 décembre, l’Église catholique célèbre saint François-Xavier, jésuite,
patron des missions avec sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et patron du diocèse
de La Réunion.
Né, en 1506, en Navarre (Espagne), François-Xavier a fait ses études à Paris où
il rencontre saint Ignace de Loyola avec qui il fondera la Compagnie de Jésus.
Ordonné prêtre à Venise en Italie, François-Xavier sera envoyé par Ignace aux
Indes pour remplacer un autre jésuite prévu pour cette mission mais qui était
tombé malade. Saint François-Xavier était poussé vers l’Asie dans un grand
élan de générosité et de foi. Parti de Lisbonne, il sillonna les océans dont
l’océan Indien pour rejoindre Goa, Singapour, l’Indonésie, le Japon. Son rêve
était de parvenir en Chine mais il mourra sur l’île de Sancian aux portes du
continent chinois le 3 décembre 1552. Il avait 46 ans.
Saint François-Xavier a été canonisé en même temps que saint Ignace de Loyola
et sainte Thérèse d’Avila en 1622 par le pape Grégoire XV. Ce fut une grande
fête populaire.
À Rome, dans l’église du Gesù, un reliquaire conserve le bras droit de saint
François-Xavier qui a baptisé tant et tant de personnes. Dans cette même église
jésuite sont vénérées les reliques du fondateur, saint Ignace de Loyola. Plus
récemment, les restes du père Pedro Arrupe (+1991), ancien Général de la
Compagnie de Jésus, missionnaire au Japon, y ont pris place pour honorer son
élan missionnaire. Sa cause de béatification est en cours dans le diocèse de
Rome.
Le discernement des vocations
Dès leur fondation, les Jésuites mettent à l’épreuve ceux qui demandent à
rentrer dans la Compagnie de Jésus en exigeant trois étapes : un mois
d’Exercices spirituels, un mois de service auprès des malades dans un hôpital
et un mois de pèlerinage à pied et sans argent afin de mettre leur espérance
en Dieu. Saint Ignace, ancien soldat, a connu la discipline militaire, l’austérité
et le combat, la maladie et la soif de Dieu. Pour persévérer dans la Compagnie,
congrégation missionnaire, tout candidat doit faire preuve d’endurance et
d’esprit de sacrifice, en renonçant au confort et à la sécurité. Pendant ces trois
mois d’examen, le candidat est appelé à s’enraciner dans la foi en Dieu, la
pauvreté et l’humilité. La pauvreté n’est pas vécue pour elle-même mais
comme condition pour la mission. L’apôtre est enfanté à la mission dans la
pauvreté, « sa mère ». En partageant les souffrances des prisonniers et des
malades, le novice rejoint la miséricorde de Jésus. C’est au service des pauvres
que le jeune religieux imite la compassion de Jésus tout en découvrant sa
propre misère. La contemplation de la passion du Christ pour les pécheurs et
les pauvres plonge le chrétien dans l’expérience de son péché et de sa
vulnérabilité. La miséricorde divine se déploie dans la misère humaine.
L’apôtre témoigne de l’amour du Christ pour l’humanité au cœur de sa propre
faiblesse comme premier bénéficiaire de la miséricorde divine.
Quand j’étais en Haïti de 2008 à 2011, j’avais rencontré un père maître des
novices d’une congrégation religieuse, ancien médecin, qui pratiquait ce qu’il
appelait « la sélection naturelle des vocations ». Il donnait rendez-vous en ville
aux candidats qui lui demandaient ce qu’il fallait faire pour entrer dans sa
congrégation internationale. C’est à pied qu’ils se rendaient dans la maison de
formation en milieu populaire où il n’y avait pas de voitures ni de domestiques.
Devant cette pauvreté, certains candidats renonçaient rapidement à leur désir.
Saint François-Xavier, qui était aussi nonce apostolique, servait les malades
lors de ses voyages missionnaires. Homme de prière, souvent silencieux, il était
habité par la passion de connaître et de faire connaître Jésus-Christ.
Les enfants missionnaires
Saint François-Xavier aimait les enfants et les enfants l’aimaient. Il raconte
dans ses lettres à saint Ignace de Loyola leur soif d’apprendre des
prières : « Quant aux enfants, ils ne me laissaient ni réciter l’office divin, ni
manger ni me reposer tant que je ne leur avais pas enseigné une prière. Alors
j’ai commencé à saisir que le royaume des cieux appartient à ceux qui leur
ressemblent ».
Les enfants devenaient ses premiers collaborateurs car ils évangélisaient leurs
parents et leurs voisins en détruisant parfois des idoles.
Combat contre Satan
Cœur brûlant du feu de l’Esprit Saint, saint François-Xavier a bien eu besoin de
la force du Ressuscité dans ses combats contre le diable. Le démon lui était
apparu en faisant des grimaces effrayantes. Une fois, le Satan lui donna des
coups.
Sur sa route apostolique où il passait un jour sur trois en mer, il devait faire
face à l’hostilité des païens, au contre-témoignage des colons européens mais
aussi aux attaques du diable.
Le Satan, le « diviseur », le « jaloux », cherche à posséder l’homme et à
l’éloigner de l’amitié avec Dieu.
En tant qu’aumônier de prison, il m’est arrivé aussi de constater l’action du
diable capable de transformer l’expression du visage d’une personne détenue
au point de le rendre tout à coup monstrueux, effrayant, avec des grimaces
impossibles à faire de façon naturelle.
Mort de saint François-Xavier, modèle des missionnaires
Il mourut un samedi, avant l’aurore, le 3 décembre 1552, sur l’île de Sancian,
malade et pauvre, dans une cabane de paille.
Sa vie et son œuvre continuent d’éveiller des vocations missionnaires. Par
exemple, le frère Marie-Joseph Lagrange (1855-1938), dominicain, fondateur
de l’École biblique de Jérusalem, aimait à rappeler qu’il avait choisi saint
François-Xavier comme saint patron pour recevoir le sacrement de
Confirmation, le 19 mai 1867. Dans son Journal spirituel, il avait écrit à
Jérusalem le 13 août 1893 une belle prière au Seigneur : « Je vous rends grâce
d’avoir réalisé les aspirations de ma jeunesse à la vie missionnaire, hors de ma
patrie » 1 .
Aujourd’hui d’aucuns s’exclament : « La mission est en France ! Pourquoi
vouloir aller au loin, en Afrique ou en Asie ? »
Déjà au XVIIe siècle en Italie, les chrétiens disaient en parlant des missions et
du manque d’évangélisation dans le monde rural : « Les Indes sont aussi ici ! »
En réalité, il y avait des besoins en Europe et en Asie. Les missions dangereuses
en Asie étaient menées de pair avec des missions populaires en Europe. Plutôt
que d’y voir un dilemme, le chrétien discerne le même appel à témoigner de
Dieu. Il s’agit de partager sa foi aussi bien dans le vieux monde que dans des
pays inconnus et lointains.
Que le Seigneur bénisse la mission de l’Église, ses missionnaires, enfants et
adultes !
1 Marie-Joseph LAGRANGE, des frères prêcheurs, Journal spirituel 1879-1932. Avant-propos de frère Manuel
Rivero O.P., Paris, éditions du Cerf, 2014, p. 282.
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