SAINT DENIS (monition d’avant messe 9.10.2022)
Pourquoi saint Denis ?
L'arrivée en 1665 d'Étienne Regnault, marque l’occupation de façon permanente de Bourbon. Ce premier gouverneur de l’Île espérait trouver une alternative à Saint-Paul, qui était le chef-lieu d’alors, où il était basé. Il jugeait la baie trop sablonneuse, trop peu sûre pour l’ancrage des bateaux. Trois ans plus tard, il retrouve un ami d’enfance commandeur d’un voilier un peu plus léger et mobile que d’autres bateaux qui accostaient à Bourbon. Les deux amis en profitent pour explorer une autre baie, au-delà du cap Saint-Bernard, posent l’ancre devant l’estuaire de la rivière. Laquelle pris le nom même du voilier : « le Saint-Denis ». Tout naturellement, on nommera ainsi le futur bourg et chef-lieu qui s’installera sur place, ainsi que l’église paroissiale lors de sa 2ème construction.
Une île se façonne à partir de ce que la mer lui a offert. Que ce soit en semences végétales, en espèces d’animaux, en genre humain, en objet de toutes sortes et même, comme nous le voyons, en appellation. Et une fois débarqués tous ces éléments peuvent adopter une nouvelle vocation sans rapport à leur origine. C’est la créolisation ! Saint Denis n’échappe pas à ce phénomène.
Denis est un de ces multiples évêques missionnaire qui ont façonné les consciences, l’histoire, et l’identité française. Envoyé au Ier ou au IIIème siècle selon les récits, Dionysius (de son nom latin) arrive dans une cité parisienne qui est romaine et païenne. Ce qui signifie que le chef politique est digne et mérite de recevoir l’honneur dû aux dieux. Il en est le représentant civique. Lui refuser le culte, le sacrifice et l’adoration représente un acte d’opposition risquant la désunion civile et la colère du ciel. Que Denis et ses disciples fondent la 1ère communauté chrétienne de Lutèce, et la première cathédrale, est perçu comme une marque de contestation, d’affranchissement et un signe d’affaiblissement du pouvoir en place qui se doit de l’étouffer.
Au nom de son Seigneur Jésus-Christ, et comme lui avant de quitter cette terre au jour de son Ascension, saint Denis bénit (comme le décrit la peinture sur le côté) ! Il bénit la ville et le peuple auquel il a été envoyé et pour qui il accepte d’offrir sa vie. Il est alors décapité sur le Montmartre, le mont des martyrs, d’où la mémoire retiendra qu’il a porté sa tête, jusqu’au lieu de sa sépulture l’actuel Saint-Denis en France. On parle alors d’un saint céphalophore… il porte sa tête comme pour exprimer la dignité de l’offrande de sa vie et sa foi en la résurrection du Christ sur laquelle la mort n’a aucune prise. Par son apostolat, son martyr ou la mémoire qu’il a laissé, saint Denis illustre notre vocation chrétienne d’appartenir, de construire et de bénir la ville et la société dans laquelle nous vivons. Tout en reprenant l’affirmation de notre Seigneur « il n’en restera pas pierre sur pierre ». Ce que nous construisons aujourd’hui sera tôt ou tard un tas de ruine, emporté par un cyclone, le changement de mode, ou tout simplement l’usure du temps. Nous confessons donc avec saint Denis et sa bénédiction que ce que nous construisons ici-bas sont des préparations à la cité céleste dont nous sommes déjà citoyens. Les relations humaines deviennent alors l’objet principal de la vie de la cité qui sont à construire au quotidien, en particulier la relation aux pauvres et aux plus petits.
Dans cette dynamique, nous reprenons les belles paroles de Jacqueline Farreyrol :
Mon île […] Pour te protéger des ravages Tu as donné à tes villages…
…Le nom des saints du paradis.
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