Qu’est ce que c’est un bon scout ? Un jeune homme fort, plein de talents, avec des badges en quantité telle qu’il n’y a plus de place sur la manche pour les coudre… Il incarne un certain idéal de l’homme. Il est debout. On dit même qu’il chante et sourit dans les difficultés.
Et tout ceci n’est pas faux. Mais cela ne doit pas nous faire oublier une autre caractéristique de ce qu’est un bon scout et qui est pourtant essentielle. Le scout est un homme à genou. Non pas à genou parce qu’il est accablé et qu’il n’en peu plus. Non pas un homme à genou parce qu’il ne tient plus debout. Non, bien au contraire, le scout est un homme qui sait se mettre à genou. Du haut de tout ce qu’il est, avec toutes ses qualités, il s’avance dignement et met un genou à terre, puis l’autre. Le scout est un homme à genou devant Dieu et devant ses frères.
Être à genou, ça veut dire savoir qui on est. Parce que, malgré tous vos badges, vous n’êtes au fond pas grand-chose devant Dieu. Et il n’y a pas de honte de reconnaître devant Dieu qu’on n’est rien et qu’on a besoin de son amour. Un homme qui se respecte sait d’où il vient. Il sait qu’il vient du néant. Il sait qu’il est poussière et qu’il retournera à la poussière. Il est intimement conscient de sa finitude et devant Dieu. Et alors il se met à genou et lui offre tout son être. Faible et pauvre, il crie vers lui et le Seigneur entend. « Un pauvre crie ; le Seigneur entend. »
Il faut être fort et ferme pour avoir le courage de crier vers Dieu et de lui demander à l’aide. De crier, non pas de désespoir comme le font les lâchent, mais de crier d’un cri d’amour qui demande ce dont il a besoin.
Regardez le pharisien et le publicain de la parabole. Qui est un homme ; un vrai ? Le pharisien est tellement imbu de lui-même et tellement certain de n’avoir besoin de rien ni de personne qu’il se vante devant Dieu. Gonflé de se vanter devant Dieu quand même ! Vous appelez ça un homme ? Certainement pas ! Un homme sait d’où il vient. Il connaît ses forces, mais il sait aussi composer avec ses limites.
Le publicain, lui, au contraire montre qu’il est un homme. Alors oui, certainement, il n’a pas fait ce qu’il fallait. Il s’est égaré. Il n’a pas eu la force d’accomplir les commandements de Dieu, mais dans sa prière, il a la force de se tenir devant Dieu. Et il est à genou devant lui.
Voilà ce qui fait un homme. Voilà ce qui fait un scout. La force de se tenir devant Dieu et devant les autres. Non pas que tout soit déjà parfait, mais qu’il n’a pas peur d’être qui il est. Le publicain est à genou. C’est-à-dire droit, mais avec un genou à terre devant Dieu. Il est à genou pour demander avec force à son Dieu de le relever et de lui donner d’être un homme. Personne n’est un homme s’il ne sait pas se mettre à genou !
Malheureusement, de nos jours, on ne se met pas beaucoup à genou. C’est pourtant une très belle posture d’être à genou. Malheureusement on oublie bien souvent de se mettre en face de Dieu. On oublie bien souvent qu’on ne peut être debout que si on se met à genou.
Je crois que si le scoutisme avait existé dans les premiers siècles du christianisme, saint Paul aurait été scout. C’est un homme fort et résistant. Aucun d’entre vous ne peut rivaliser avec lui. Il a parcouru, à pied et sans beaucoup de logistique d’appui, tout l’empire romain. En termes de badges, lui aussi en a plein la chemise ! Il les énumère d’ailleurs :
« Cinq fois, j’ai reçu des Juifs les trente-neuf coups de fouet ; trois fois, j’ai subi la bastonnade ; une fois, j’ai été lapidé ; trois fois, j’ai fait naufrage et je suis resté 24 perdu en pleine mer. Souvent à pied sur les routes, avec les dangers des fleuves, les dangers des bandits, les dangers venant de mes frères de race, les dangers venant des païens, les dangers de la ville, les dangers du désert, les dangers de la mer, les dangers des faux frères. J’ai connu la fatigue et la peine, souvent le manque de sommeil, la faim et la soif, souvent le manque de nourriture, le froid et le manque de vêtements. » (2Co 11, 24-27)
Quel homme ! Mais voyez-vous, c’est un homme d’abord parce qu’il a mis un genou à terre lorsqu’il a rencontré le Christ sur le chemin de Damas. A genou et aveuglé par la grâce de Dieu, il s’est mis à prier. Et voilà ce qui a fait de lui un homme véritable. L’homme fort qui ne met pas son genou à terre n’est qu’une brute. L’homme qui rencontre sa faiblesse et qui ne se place pas devant Dieu n’est qu’une loque qui s’effondre.
Saint Paul est avant tout un homme qui cherche Dieu humblement. Il se met alors au service de ses frères avec un courage sans borne qui lui a fait traverser les plus dures épreuves.
Le pharisien n’est pas un homme parce qu’il regarde ses propres muscles dans le miroir et qu’il se dit que c’est quand même pas mal. Il est fort. Il se croit fort. Mais il n’est rien et tôt ou tard il en fera l’expérience. Le publicain est un homme parce qu’il a le courage de faire la vérité sur lui-même devant Dieu.
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