Mon ami Jo l’escargot nous avait, vous vous en rappelez… nous avait appris pour le carême ce qu’est le chemin du chrétien. Jo avance doucement et sûrement, il se défend contre les ennemis avec sa maison sur son dos et ses antennes lui permettent d’avancer sur cette terre en regardant vers le ciel.
Mais pour ce début d’année, je me suis posé une question : C’est quoi un lycée catholique ? Et ne trouvant pas la réponse, je suis allé demander à une amie à moi. Elle est toute petite et on ne la remarque pas trop, mais elle est remplie de sagesse. Elle s’appelle Maia et c’est une abeille. Alors, rassurez-vous, je n’ai pas de ruche dans ma chambre !
Mais Maia m’a montré sa ruche. Elle y vit avec des milliers d’autres abeilles. Chacune s’affaire à ses propres activités, mais on dirait que toutes font la même chose. Même s’il y a une multitude d’abeilles, on dirait que la ruche ne forme qu’un seul corps. Un peu comme si l’animal, c’était la ruche entière. Chaque abeille a sa propre fonction. La Reine assure la continuité de la ruche, les ouvrières construisent le nid, ou bien nourrissent les larves, ou encore vont aux alentours pour chercher le pollen nécessaire à fabriquer leur précieux nectar.
J’ai trouvé la ruche de Maia absolument fascinante. Tout fonctionne à merveille, même si au premier abord, ça semble plutôt un joyeux bazar. En fait, tout fonctionne et tout est beau parce que chacun est à sa place au service de l’ensemble. Et chacun y trouve son compte. Personne ne perd rien à ce que l’autre reçoive. Il n’y a ni jalousie ni concurrence. Quand j’ai demandé à Maia si parfois des abeilles se battaient, elle n’a tout simplement pas compris la question.
Je me suis donc mis à imaginer le Lycée Levavasseur comme si c’était une ruche. Il y avait les abeilles professeurs, les abeilles élèves, les abeilles OGEC… Et chacune jouait son rôle pour construire l’ensemble. Que c’était beau ! Tout le monde avait l’air d’être très heureux.
J’ai donc demandé à Maia quel était son secret, ou plutôt le secret de sa ruche. Cette unité heureuse me semblait utopique et inatteignable. Je suis donc monté sur son dos et me suis introduit avec elle au cœur de la ruche. (Dans une homélie, on peut faire ce genre de chose.) Il y avait là une abeille plus grosse que les autres. Elle n’avait pas de couronne, mais c’était clairement elle la reine. En la regardant pondre, je me suis rendu compte qu’il y avait un air de ressemblance entre elle et chacune des abeilles de sa ruche. Des traits communs, malgré toutes les différences.
« C’est elle qui fait notre unité » m’a dit Maia. « Elle nous donne la vie. Elle nous donne une mission. Nous lui ressemblons. Mais surtout, c’est avec elle qu’on ne forme qu’une seule ruche. S’il n’y a plus de reine, il n’y a plus de ruche. »
Qu’est-ce qui peut bien faire la même chose dans un lycée ? Cette unité profonde qui permet de vivre en harmonie, chacun occupé à ses propres affaires. Le directeur ? Il n’est pas roi, mais il est une abeille ouvrière lui aussi.
Mais il y a dans un endroit reculé du lycée, dans une petite boîte le roi des rois et le seigneur des seigneurs. Pour aller le voir, il faut faire le pari un peu fou de monter à califourchon sur notre abeille et aller prendre le temps de découvrir la sagesse qu’il nous donne. Ceux qui ne savent pas que notre lycée puise sa force et son unité dans Jésus eucharistie présent au milieu de nous n’ont pas encore découvert le trésor fabuleux qui est le nôtre.
J’ai donc continué mon voyage avec Maia et je suis parti avec elle pour aller butiner les fleurs. Ça décoiffe ! Slalom entre les fleurs tout à coup gigantesques et dont les magnifiques couleurs faisaient presque mal aux yeux. C’est alors que je me suis rendu compte que la ruche elle n’était pas là où il y a la ruche. La ruche elle est partout où il y a des abeilles. Et il y a des abeilles partout. À droite, à gauche, en haut, en bas, devant, derrière. De la reine sortent des ouvrières et des butineuses qui inondent le monde entier.
Et c’est exactement ce qui se passe dans un lycée lorsque nous prenons racine dans le Christ Jésus. De la petite boîte qui contient le corps de Jésus, elle-même dans la petite pièce qu’on appelle la chapelle, … de là sortent une multitude de grâces qui se répandent dans le monde entier. Personne n’oblige les abeilles à aller butiner. Et ainsi, personne n’oblige les chrétiens à aller partout pour annoncer le trésor incroyable qui est le leur. Et pourtant, ils le font. « Annoncer l’évangile, ce n'est pas pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi. » nous dit saint Paul. Le chrétien a faim de porter sa ruche partout.
Nous avons dans ce lycée des abeilles. Ils ont un pull couleur sable, rayé de jaune et bleu. Ils ne sont pas les meilleurs d’entre nous, mais ils ont découvert quelque chose du Christ. Ils font des allers et venus entre leur salle de cours et la chapelle (ou l’aumônerie). Dans leur classe, ils apportent par leur simple présence quelque chose, une ressemblance avec le roi qui habite la chapelle. Et dans la chapelle, ils apportent avec eux un peu de pollen, un peu de ce qui forme ce lycée pour le transformer en quelque chose de bon et onctueux.
Voilà ce que m’a dit Maia de ce qu’est un lycée catholique. Ce n’est pas un lycée où il n’y a que des catholiques. Mais c’est un lycée qui est porté par la présence de Jésus. Certains sont les abeilles qui le savent et qui travaillent à l’avènement du Royaume de Dieu. D’autres sont comme les fleurs qui sont transformés par la présence des abeilles, par la présence des chrétiens qui prennent avec eux le lycée pour l’amener au Christ.
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